Le même effet 18 ans après. Merci Disney.

Samedi 17 mars 2012, cette semaine plus qu’intense s’achève. Comédies, drames, sciences fictions, dessins animés, le tout en mode art et essai ou commercial, on en aura vu des films différents ! La diversité : un point d’honneur à la programmation des Rencontres Cinématographiques du Sud.

Alors pour finir en beauté, on replonge en enfance : direction le Capitole Sud pour assister à la projection du Roi Lion en 3D ! Rien que ça ! Notre petit groupe d’étudiants est totalement surexcité. Depuis quelques jours, au QG des masters, on alterne 2 chansons : « Kill the Radio Star » et « Hakuna Matata ». Evidemment. Chacun y va de son petit commentaire : « c’est le premier film que j’ai vu au cinéma ! » ou « Je vais pleurer c’est sûr ! ». Autant vous dire que l’émotion est à son comble lorsque l’on pénètre dans le multiplexe.

Pour l’occasion il est entièrement mis à l’honneur des « pitchouns » : ateliers maquillage, colliers, distribution de cadeaux et peluches géantes. On notera d’ailleurs la participation de quatre d’entre nous, qui ont enfilé volontairement les costumes des deux ours grandeur nature : Stella et Flavio. Les enfants sont ravis, nos mascottes transpirent comme des bœufs.

copyright Le Regard en Plus
On y est, le classique – chef d’œuvre –  de Disney débute avec cette magnifique chanson d’Elton John « aaaaniennda tabadi tibada… » (ou quelque chose comme ça). Notre rangée d’étudiants chante à tue-tête ; j’ose le dire : j’ai lâché une larmichette. Ma voisine de droite, quant à elle, a littéralement fondu en larmes à la mort de Moufassa. Le même effet 18 ans après, c’est fort.

Revoir ce film c’est frissonner pendant à peu près une heure et demie. Totalement à vif, j’en tremble encore en sortant de la salle. La fatigue y est pour beaucoup mais certainement pas la 3D. Pas exceptionnellement travaillée elle n’apporte pas grand-chose au film selon moi, mais bon, est-ce vraiment important ?

Je suis ravie d’avoir partagé cette expérience avec quelques amis de ma génération, mais encore mieux que ça : pour certains minots, c’était la première fois qu’ils découvraient le génie de ce film. La transmission de génération en génération, ça c’est classe !

Ce matin j’avais quatre ans. Pas envie de retourner à l’université.

Allegra Trichard

Ensemble c’est tout…

Cinq jours de projections professionnelles prennent fin pour notre promotion de M1 PCC. Pour nous, les 2e Rencontres Cinématographiques du Sud se clôtureront dans la matinée de demain par le Ciné Pitchoun avec notamment la projection inédite du Roi Lion en 3D. Avant de préparer à la hâte notre dernier retour en salle de cinéma en tant qu’ « expert sociologique original », je vous propose de revenir sur les événements qui m’ont marqué tout particulièrement…

Mardi 13 mars, un marathon de films dramatiques se met en place progressivement avec, à l’arrivée, un état émotionnel bouleversé. Une après-midi et trois films m’ont suffit pour prendre conscience visuellement des maux qui touchent l’Homme : le déséquilibre familial, la crise identitaire, et de manière plus générale, le mal incurable. L’intensité de l’histoire et du jeu des acteurs, m’a fait ressentir le drame dans sa cruauté et sa souffrance morale. Le plus frappant des trois films, Tyrannosaur, dégage une force dramatique qui ajoute de la terreur dans l’esprit du spectateur, le mien. Dans ce film, une scène, parmi d’autres, est particulièrement insoutenable, celle où on voit le jeune Samuel, d’abord de dos, qui se retourne face à nous, nous affichant un visage défiguré par les morsures du pitbull de son affreux beau-père. Dans mon esprit, le 13 mars 2012, restera la journée la plus forte en émotions.

Après les larmes, les rires avec, le jeudi 15 mars, une rencontre en toute simplicité de Robert Guédiguian et ses acteurs fétiches, notamment Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin (Ariane Ascaride étant absente). Les échanges entre l’équipe et le public sont rythmés par les taquineries et les anecdotes, la grande amitié qui unit Robert Guédiguian à sa tribu de toujours nous saute aux yeux. L’accent typiquement marseillais des acteurs ajoute de la gaieté à ce moment savoureux. Malgré la richesse des rencontres avec les équipes de films, je n’ai retenu qu’une seule citation, empruntée à Céline, qui définit bien l’univers de Robert Guédiguian (cf Marius et Jeannette) : « Il n’a plus assez de musique dans son cœur pour faire danser sa vie ». Ses films, pour moi, sont une affaire de sensibilités auxquelles je m’accroche.

Autre événement marquant qui a ponctué cette journée du 15 mars, ma rencontre avec Fellag, acteur principal du film Monsieur Lazhar. Entourée de mes co-équipiers et d’un journaliste, je suis assise devant l’acteur que j’ai vu à l’écran, je lui sers même la main. Quinze minutes suffisent pour rendre ce moment incroyable, je me trouve face à un homme humble, posé (comme dans le film), et qui dégage une humanité perceptible. Malgré un timing serré, je me lance enfin à lui poser ma question, quelle satisfaction ! Notre rencontre s’achève par une photo de Fellag avec nous, étudiants en M1 PCC, je suis fière de me trouver à ses côtés et de savoir que cette rencontre soit immortalisée. Enfin, parmi toutes les projections auxquelles j’ai pu assister, à ma grande surprise un film a su contrer mon jugement de départ : La Clinique de l’amour. Comédie loufoque, mais intelligente, elle se sert des clichés des séries américaines qui racontent des aventures dans un service hospitalier. J’ai ri avec le public de la bêtise et du ridicule des scènes, tellement irrésistibles.

De la comédie au drame, j’ai partagé durant toute cette semaine mes émotions avec le public, les équipes de films et ma promotion, finalement une expérience humaine. Grâce à cette participation inédite, je constate un cinéma plein d’avenir, en terme de création et un engagement énergique de la part des professionnels qui ont la volonté de faire entendre leurs voix et d’offrir au spectateur des vues variées et riches sur le territoire du Sud.

Camille Michel

Les Neiges du Kilimandjaro, Le Prénom : Deux idées de la Gauche française ?

En ce quatrième jour de festival, deux films projetés m’ont permis d’établir un parallèle plutôt intriguant. Les Neiges du Kilimandjaro, film de l’infatigable Robert Guédiguian sorti en 2011, nous raconte l’histoire d’un couple marseillais qui va voir son quotidien remis en question suite à une violente agression.

Le Prénom réalisé par Alexandre de La Patellière et Mathieu Delaporte, nous offre le spectacle d’une bande d’amis qui, suite à la révélation du prénom du fils de l’un, va dégénérer en règlement de compte.

Certes, à la lecture de ces deux synopsis le parallèle n’est pas évident. Il faut en fait lorgner sur la résonance  politique de ces deux films et donc de ses personnages principaux présentés au spectateur comme ayant une sensibilité politique orientée à gauche. Paradoxalement leur unique point commun souligne en réalité leur grande différence.

D’un côté, il y a un couple marié depuis trente ans, bien ancré dans la cité phocéenne. Elle est femme de ménage et lui est un ouvrier cégétiste licencié de son plein gré. De l’autre côté, un ménage parisien, dont la femme s’est sacrifiée professionnellement, pour permettre à son mari de s’épanouir dans son métier de professeur des universités. Ils sont alors présentés aux spectateurs comme étant des « gauchos » par leurs amis. Or, il est clairement évident qu’on assiste bien à deux visions, deux positions, deux idées d’une gauche française segmentée.

Quand chez Guédiguian, Ariane Ascaride et Jean-Pierre Darroussin subissent de plein fouet les affres de la société et essaient de vivre avec malgré tout, chez Alexandre de La Patellière et Mathieu Delaporte, Charles Berling et Valérie Benguigui semblent mener une vie de bourgeois bohème dont les seuls problèmes sont d’ordre conjugal.

Chez les uns on cite Jean Jaurès à tout va, chez les autres on cite Aristote et Platon. Chez les premiers on est solidaire et généreux, chez les seconds, égocentrique et avare. Chez les marseillais, on boit du pastis et du rosé, et les parisiens, de grands millésimes de vin rouge à cinq cents euros la bouteille. Tandis que chez Alexandre de La Patellière et Mathieu Delaporte on cite le roman Adolphe rédigé par Benjamin Constant, l’un des principaux pères du libéralisme politique français, alors que chez Guédiguian, on lit la bande dessinée Spiderman.

Toutes ces différences, qu’elles soient sociales, économiques, territoriales ou culturelles entre deux familles dites de gauche, mettent l’accent sur les contradictions qui peuvent exister au sein d’un même courant politique. Nous ne sommes plus dans l’éternel clivage gauche/droite mais plutôt dans une opposition schématisée, entre une gauche caviar et une gauche sardine.

En cette année de période électorale où, pour la première fois depuis dix-sept ans, la gauche pourrait bien revenir au pouvoir, ces différences sociologiques suscitent bien des interrogations…

Samir Boulkout

Un peu de rêverie… en 3D !

Ils sont gentils aux Rencontres ! Le public a droit à de petites et même à de grandes surprises, lors de certaines entrées en salle.
En principe, il y a un détail assez visible qui nous permet de flairer à l’avance ces cadeaux filmiques. Il s’agit du stand à lunettes 3D, accessoires gentiment distribués par le personnel des lieux.

Source http://www.presse-citron.net/
Et oui, les organisateurs ont bien travaillé et ils ont réussi à nous dégoter des avant-premières assez conséquentes, avec la présence des distributeurs pour introduire ces produits de luxe.
Parmi une liste quatre étoiles, la bande annonce du prochain Ridley Scott (Prometheus), le très entendu Abraham Lincoln : Vampires Hunter, les 20 premières minutes de Madagascar 3, ou encore 15 minutes de Titanic 3D !

En réalité, ce choix de programmation purement promotionnelle et publicitaire constitue un univers à part dans le planning général des Rencontres Cinématographiques du Sud. En effet, nous sortons d’une programmation stricte et thématisée, pour se livrer à un panel de films « grand spectacle », dont nous attendons patiemment la sortie en salle.

Dès lors, le contexte de réception est totalement modifié. Alors que nous avons pris l’habitude, depuis le début de l’événement, d’assister à des projections « officielles », projections caractérisées par une certaine concentration, un certain professionnalisme dans la lecture de l’œuvre, nous nous retrouvons maintenant avec des lunettes 3D sur le nez en train de s’émerveiller devant une sélection de supports spectaculaires.
Nous troquons donc nos stylos, nos appareils photo ou encore nos caméras pour le classique Coca Cola / Pop Corn. A vrai dire, nos seuls outils d’analyse sont les lunettes infâmes scotchées sur notre visage. Le cerveau est au repos, le corps est détendu, les yeux bien écarquillés : place à la rêverie enfantine, aux applaudissements incessants et aux mythiques (mais démodés)  « Woo Woo ! » lorsque Léonardo Dicaprio se sent pousser des ailes aux bords du Titanic.

Bref, professionnel ou pas professionnel, étudiant ou non étudiant, à cet instant précis, tout le monde fait parti du « public », dans ce qu’il y a de plus originel dans le domaine cinématographique. Tout le monde est content de voir en avant-première les premières images « fofolles » de prochain Madagascar, de découvrir l’univers glacial du prochain Alien version prequel, ou encore de revivre l’inoubliable scène de naufrage du Titanic, en relief.

Des moments innocents et uniques qui nous rappellent que le cinéma, c’est aussi du pure divertissement !

Théo Cabrero

Talons aiguilles

Copyright Blog Le Regard en plusIl est 16h23, nous sommes mercredi, soit le troisième jour des Rencontres cinématographiques du Sud. L’air est doux, les lunettes de soleil sont de rigueur pour les équipes de films qui font leurs premiers pas de l’année sur le tapis rouge avignonnais.  Les micros bleus de la radio ont pris possession d’une bonne partie de l’entrée du Capitole, et entre deux scoops info et intermèdes musicaux, les artistes défilent les uns après les autres à l’antenne. Jules Sitruk fait la promotion du film Le fils de l’autre, au milieu de la rue où les passants, si habitués à leur chemin de retour à la maison, passent sans presque remarquer les artistes qu’ils voient pourtant tous les mois au cinéma. Un seul habitué de la rue se rend présent : c’est un sans-abri qui interpelle à plusieurs reprises le jeune acteur à coups de « Solidarité ? Mon cul oui, c’est du blabla ! ». Jules Sitruk l’observe, lui prononce quelques mots qui ne semblent pas calmer le sans-abri.

 Les regards se tournent vers le bout de la rue. Trois belles femmes, dont les Louboutins étaient descendus d’une luxueuse voiture quelques minutes avant, rentraient maintenant chez le coiffeur. Personne n’avait remarqué cette enseigne jusque-là. Maintenant il était évident pour tous les spectateurs de la scène que celle-ci avait toujours fait partie du décor. Elsa Zylberstein, Christelle Reynal et Shirley Bousquet reviendront peu après pour faire la promotion de Plan de table.

 La séance en cours se termine, le tapis rouge se remplit de lunettes de soleils, cigarettes et carnets gribouillés. Le stand radio se rétrécit pour ensuite disparaître à l’intérieur.

 Il est maintenant 17h27. « Le Fils de l’Autre, c’est maintenant, salle 2 ! ». Les Louboutins restent, les badges et carnets rentrent et partent se plonger dans un nouveau monde, celui de Lorraine Levy.

 Joséphine Dusol

Trois films, trois drames

Mardi 13 mars,  nous avons assisté à trois projections : Voie rapide, M. Lazhar et Tyrannosaur. Ces trois films, de genre dramatique, se sont enchaînés durant toute l’après-midi. En tant que spectateur, nous avons vécu ce moment comme une expérience nouvelle, chaque film nous a apporté une intensité émotionnelle qui s’est intensifiée progressivement : Voie rapide au fil de l’histoire prend une tournure dramatique, dans M. Lazhar le drame est présent dès le départ, et dans Tyrannosaur l’intensité dramatique est omniprésente doublé d’une violence constante.

Heureusement, la journée se termine par une note positive et des rires avec Radiostars. Nous avons pu ressentir un contraste fort entre une salle qui assiste à un drame et une autre à une comédie. L’expérience spectatorielle qui en découle est profondément différente. Dans un film de comédie comme Radiostars la notion de communauté prend forme dans la salle, on rit ensemble et on communique ensemble à l’écoute de certaines musiques. Quand la musique Video killed the radio star a été diffusée, une partie du public s’est mise à fredonner les paroles. C’est dans ces moments-là que la connivence prend un sens. Alors que dans Tyrannosaur, par exemple, le spectateur se retrouve seul face au drame, replié sur ses émotions.  Dans M. Lazhar, cette notion d’intimité est encore plus présente d’autant que la salle était quasiment vide, la séance étant réservée à la presse.

Trois projections de drames à la suite nous plongent dans un état émotionnel intense. Les films Voie rapide, M. Lazhar et Tyrannosaur abordent de trois manières différentes le deuil et sa difficile acceptation. Dans Voie Rapide on est témoin d’un homicide involontaire commis par le personnage principal, un jeune homme, et qui provoque un bouleversement dans sa vie de couple et de famille. Le deuil est traité autrement dans M. Lazhar, puisque le film commence avec le suicide d’une maîtresse pendue dans sa classe et ainsi affichée au regard de ses élèves. Ici, la mort est montrée au travers du traumatisme des enfants. Enfin dans Tyrannosaur, les personnages principaux tentent de se reconstruire en tirant un trait sur leur sombre passé. Cette reconstruction intérieure est visible dans ces trois films où les personnages sont à la recherche d’eux-mêmes.

Autre similitude, l’image de la famille qui est particulièrement malmenée : une mère célibataire qui élève seule son fils (qui part la suite se suicide), la famille des personnages principaux sont complètement absents dans la vie de leurs enfants (Voie rapide et M. Lazhar), un homme veuf et solitaire, une femme maltraitée par son mari et un petit garçon qui subit la vie tumultueuse de sa mère (Tyrannosaur). Tous ces personnages principaux partagent deux points communs, un déséquilibre familial et une perte de repères à l’origine de leur drame. Pour M. Lazhar, qui a perdu toute sa famille dans un incendie volontaire, sa reconstruction intérieure commence dès lors qu’il décide de remplacer une institutrice qui s’est pendue dans sa classe. En perpétuant le métier de sa défunte femme et en accompagnant les élèves dans la guérison de leur traumatisme, il accède lui aussi à sa propre guérison, du moins un apaisement de ses tourmentes.

La reconstruction intérieure des personnages principaux des trois films passent par une rencontre, cette relation avec l’autre met en place un processus de réconfort et d’apaisement. En apprenant à se connaître, ces personnages aux destins croisés, se révèlent à eux-mêmes. Ils n’étaient pas censés se rencontrer mais pourtant ils finissent par créer des liens et à trouver dans leur relation un appui pour s’en sortir. C’est dans Tyrannosaur, que cette notion est la plus marquante : Joseph, tourmenté et sauvage, trouve du réconfort auprès d’Hannah, qui malgré les apparences, souffre autant que lui. Leur drame similaire va aider ces deux personnages à s’ouvrir l’un à l’autre et ainsi soigner leur blessure. Au travers des trois films, la rencontre se présente aux personnages principaux comme une seconde chance à saisir pour prendre un nouveau départ. Ces notions de destins croisés et de seconde chance peuvent être rapprochées à l’œuvre filmique Marius et Jeannette de Robert Guédiguian.

Au-delà du drame, l’humanité occupe une place à la fin de chacun de ces films grâce à une résolution positive ou prometteuse. La réconciliation du jeune couple dans Voie rapide, le verdict positif du tribunal envers M. Lazhar qui obtient le statut d’exilé politique d’Algérie sur le territoire canadien, doublé de la guérison des enfants et de lui-même. Enfin, dans Tyrannosaur, la lettre de Joseph qui révèle ses sentiments à Hannah, dont la dernière image les montre main dans la main, de nouveau prêts à aimer.

Trois films, trois drames qui font immerger le spectateur dans un univers bouleversant et qui révèlent des personnages attachants malgré leurs travers.

Audrey Leroux & Camille Michel

Le gang des pipelettes

 Les pipelettes, ce ne sont pas les petites filles surexcitées qui blablatent à tout va. Non, aux Rencontres Cinématographiques du Sud, les pipelettes sont… des femmes du troisième âge !

Je préfère mettre les choses au point tout de suite. Cet article n’a pas pour objectif de dégrader l’image de qui que ce soit, juste de rapporter des observations significatives.

 Remise en contexte. Voilà maintenant deux jours que j’assiste à des projections cinématographiques ouvertes au public. Et deux jours que j’entends des conversations intrigantes, dont la source sonore provient de derrière mon dos. Et oui, il s’agit bien des attaques sonores du gang des pipelettes !

Etant donné que j’ai tendance à marquer mon territoire en m’asseyant tout le temps à la même place dans la salle, d’une projection à l’autre – comme pour marquer mon territoire – et bien le gang fait de même : il marque son territoire.

 Ainsi, dans la mesure où je semble condamné à subir les fréquences sonores du groupe, je tente de me retourner discrètement pour visualiser le territoire voisin. Un territoire peuplé de femmes charmantes, élégantes, souriantes, mais qui parlent fort…

 Alors, quels sont les thèmes de la discussion me demanderez-vous ? En réalité, il y a plusieurs types de discussions.

La première phase verbale se focalise sur de l’anecdotique, du style : « Je suis allé prendre mes vol-au-vents chez André hier matin, on s’est régalé ! ». En principe, ce type de discussion s’accompagne de rires assez prononcés, qui permettent même de réveiller quelques personnes peu matinales qui s’affalent dans leur fauteuil…

La deuxième étape consiste à commenter certaines scènes du film, notamment les scènes chocs et brutales. Des commentaires généralement vocalisés par des « Ah ben ça commence bien ! », ou encore « Mon dieu quel horreur ! ».

S’en suit des remarques bien placées durant le film, notamment lorsque des personnes quittent la salle pour des raisons diverses. A ce moment là, le ton est plus serré, les voix moins bruyantes (projection oblige), mais le discours est un peu plus corsé : « Oh qu’est ce qu’ils nous enquiquinent tous ces gens avec leurs va et vient dans la salle… ! » et les autres membres du gang répondant : « Oh oui hein, pfff… ! ». Quand le gang n’est pas content, il le fait savoir en montrant les dents !

Et puis se forme le discours de l’après projection…Vous allez penser que ce dernier n’est pas très significatif culturellement parlant. Et bien détrompez-vous ! Le gang se décolle des sièges respectifs, se regroupe et c’est à qui épatera le plus par sa compréhension du film.

Ce matin, le long-métrage en question se nomme A moi seule et expose deux protagonistes avec une forte épaisseur psychologique. Une qualité d’écriture scénaristique décryptée scrupuleusement par les femmes pipelettes.

 Comme quoi, il faut se méfier des apparences. Car, si je ne vous cache pas d’avoir souri par moquerie ou au contraire grogné à l’entente des conversations du groupe féminin, je me suis surpris à écouter avec attention leurs remarques critiques sur la construction du film projeté, au rallumage des lumières.

          Théo Cabrero

De Monsieur Lazhar à Radiostars : récit d’une épopée

J’entre au Capitole, il est 14h. Je n’en sortirai qu’à 22h, abasourdie par tant de voyages. Un tour du monde en 8h qui dit mieux?  En une après-midi je quitte Avignon pour découvrir Montréal, Alger. Je prends en pleine face la misère sociale de l’Angleterre et parcours la France en autobus accompagnée d’animateurs radios déjantés. Sans transition je passe de l’univers de Monsieur Lazhar  à celui de Tyrannosaur. Je m’émeus devant une scène d’amitié entre une enfant et son professeur, et m’enfonce 1h30 plus tard dans le fond de mon fauteuil devant la violence de Tyrannosaur. Je ris enfin de la mauvaise foi d’un animateur radio incarné par Clovis Cornillac.

Entre réalité et fiction, quel étrange mécanisme que celui du cinéma. Nous plongeons dans une histoire, partageons les peines et les joies de ses personnages, ils sont avec nous, les frontières tombent. Puis la salle se rallume et la magie se dissipe. Les personnages que nous venons d’aimer ou détester se désincarnent peu à peu et retournent se ranger dans le tiroir fiction de notre cerveau.  Ils se désagrègent pendant que nous prenons contact avec le monde qui nous entoure. Notre réalité est ici. Adieu Montréal, bonjour Avignon, nous redescendons…pour embarquer immédiatement pour un autre voyage, vers un autre univers, une autre fiction. C’est à chaque fois la même chose… Sans prévenir, ces personnages s’immiscent dans nos vies avec leur folie et leurs failles, et chaque fois nous acceptons avec bonheur ce jeu de dupe.

Le dernier film, Radiostars, se termine. Nous avons à peine le temps de reprendre nos esprits et déjà le réalisateur Romain Levy, Clovis Cornillac et Pascal Demolon entrent dans la salle. Les acteurs semblent directement sortis de l’écran, les mêmes attitudes, le même humour. Cette brève entrevue finale  trouble encore un peu plus les frontières entre réel et fiction. Puis ils quittent la salle, vont rejoindre leurs personnages dans le fond de nos mémoires. En un clin d’œil nous voilà devant le Capitole, sur le tapis rouge de l’entrée. Hébétés nous mettons quelques minutes à ré-apprivoiser notre espace-temps.

 

 Maud Civel

 

Quand 227 enfants envahissent une salle de 320 places

Mardi matin, 9h15. 2e jour des Rencontres Cinématographiques du Sud, So British vol.1 & vol. 2.

Les maîtresses ouvrent la marche. Ils sont petits. Très petits. Ils sont hauts comme trois pommes mais émerveillés lorsqu’ils passent la porte d’entrée. « Oh ! Regarde, un plafond rouge ! » « Oh ! Regarde les vitres ! » Celui qui retint le plus leur attention fut l’affiche de John Carter. Les créatures étranges de l’affiche agissent comme des aimants. Les enfants sont captivés ! Leurs accompagnateurs les comptent, encore et encore. Ils ont tellement peur d’en perdre un qu’ils les encadrent, comme un chien chargé de son troupeau. Ils leur ont même collé des étiquettes avec leurs noms écrits noir sur blanc autour du bras.

Lorsque les maîtresses les autorisent à passer la deuxième porte et à emprunter l’escalier qui permet d’accéder à la salle, les enfants trépignent. Ils accélèrent le pas. Le rang de deux par deux auquel les accompagnateurs tiennent se défait. L’émerveillement continue lorsque la porte s’ouvre. Impressionnés par cette grande salle rouge et noire tous s’exclament : « Ouah ! Oh c’est beau ! Ah c’est grand ! T’as vu les fauteuils ils sont rouges ! ».

Dix minutes plus tard, alors que j’aimais écrire cet article avec ce fond sonore, le hall s’est vidé, ou presque. Je n’entends plus que les personnes chargées de l’accueil qui s’adressent à quelques hommes. En quelques minutes, le hall de cinéma s’est transformé. Il est redevenu un lieu calme dans lequel on parle du film que l’on s’apprête à voir.

J’entre dans la salle 1 du cinéma. Elle est remplie de bambins dont les pieds ne touchent pas le sol une fois installés dans les fauteuils rouges. Leurs voix d’enfants créent un fond sonore aigu. Ils bougent dans tous les sens, ne tiennent pas en place. Souriants, ils se parlent et se demandent quand le film va commencer … Je me dirige vers le haut  pour avoir une vision d’ensemble durant la projection. Je cherche à m’installer à côté d’enfants, pour pouvoir les écouter une fois les lumières éteintes. Lorsque je prends place une petite fille dit à son camarade « Ah, enfin y a quelqu’un qui vient s’asseoir à côté de nous ! ».

Une dame avec un micro entre dans la salle et prend la parole. Elle demande aux enfants s’ils vont bien, et là, ce n’est pas un simple « oui » qui retentit dans la salle, mais un véritable cri de joie. Attentifs à ce discours, certains se redressent et s’appuient sur le siège de devant, comme si avancer d’un mètre leur permettrait de mieux entendre.

Une fois la lumière éteinte et quelques « chuuuuut » plus tard, les enfants regardent le film. Certains sont concentrés, d’autres distraits par la salle, certains restent assis, d’autres font coucou aux spectateurs, d’autres vont aux toilettes. J’observe un « effet boule neige ». Lorsque l’un parle à son voisin de droite, le voisin de gauche s’incruste dans la conversation, puis celui d’à côté… Jusqu’à ce que toute la rangée se mette à parler. Les maîtresses essaient tant bien que mal de les faire taire.

Cette projection cinématographique un mardi matin, à la place d’un cours d’écriture ou de dessin, se transforme en véritable apprentissage de bonne conduite à adopter dans un lieu public. Les enfants apprennent que l’on ne doit pas parler pendant un film et que même si le fauteuil est trop grand pour eux, on ne doit pas mettre ses chaussures dessus. Un hall de cinéma n’est pas une cour de récréation.

Cette matinée fut une merveilleuse expérience cinématographique. Qu’ils parlent, crient, pleurent ou chantent, les enfants ont le pouvoir de transformer une salle de cinéma. En leur présence elle est vivante.  Avec leurs voix, leurs commentaires et  leurs déplacements, les enfants bouleversent un lieu. En plus de nous faire passer un bon moment ils nous intriguent et nous inspirent. Agés de 3 à 6 ans, les élèves de maternelle sont un public unique et extraordinaire.

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Belma Susler

Plan de fables

Au premier abord, nous pourrions présenter ce film de cette façon : une succession de petites fables exposant des situations de la vie quotidienne, à travers un regard fictif et symbolique, source de concepts moraux.

Nous parlons bien du film Plan de table, un long-métrage français réalisé par Christelle Reynal et accompagné d’une belle brochette d’acteurs de l’hexagone : Elsa Zylberstein, Franck Dubosc, Audrey Lamy, Louise Monot, ou encore Lannick Gautry,

Aujourd’hui c’est mardi. Les 2e Rencontres Cinématographiques du Sud ont officiellement commencé, comme en témoignent les grands présentoirs publicitaires disposés sur le tapis rouge de l’événement, à l’entrée du Capitole.

Il est presque 10h et j’assiste, accompagné de trois camarades du Master, à ma première « Projection  Presse ». Avouez que l’intitulé de la séance en jette un max ! Mais n’allez pas croire que l’ambiance y est pour autant « festive ».

À vrai dire, j’arrive le premier dans la salle. L’encart publicitaire figé sur l’écran de projection me rappelle que je suis maintenant au cœur de l’événement et que je ne suis pas là pour manger du pop-corn, mais plutôt pour me concentrer et bien analyser le film projeté.

Puis rentre une journaliste charmante et souriante. Nous ne sommes que deux dans la salle, alors nous entamons une discussion. Elle me questionne sur mon parcours, la raison de ma venue et l’objectif de notre partenariat avec Les Rencontres du Sud. J’en profite pour faire un peu de publicité pour notre blog. Toutes les occasions sont bonnes et, qui sait, cette personne lira peut-être cet article…

Voilà maintenant que d’autres journalistes rentrent en salle. Certains semblent concentrés, d’autres plus détendus et bavards. Puis c’est au tour de mes camarades de me rejoindre.

Les lumières s’éteignent et le film est lancé.

SOURCE : http://www.alpedhuez.com/comedie/actualites.php

Quelques rires se prononceront pendant la projection, mais l’ambiance générale restera au calme.

Car, il faut l’avouer, Plan de table est un film qui se laisse agréablement regarder. Cette production sans prétention nous livre un scénario plutôt original pour un style « comédie à la française ». Son récit construit selon le modèle de L‘effet papillon fonctionne à merveille et  permet de nous tenir en haleine tout le long (et ce, malgré quelques répétitions scénaristiques).

Le casting, quant à lui, est parfaitement adapté. Toute la distribution est au rendez-vous et semble s’amuser. Même si l’on retrouve Franck Dubosc dans un rôle attendu mais qui est fait pour lui, soit le séducteur pathétique et ridicule, on s’étonnera devant le jeu de composition d’Elsa Zylberstein, dans la peau d’une « nunuche » surexcitée.

Bref, on sourit, on rigole (notamment durant l’excellente scène de dégustation du gâteau, version cuisine moléculaire) et on se laisse aller volontiers devant des scènes de tendresse, certes un peu stéréotypées sur les bords.

Les lumières se rallument, les visages sont décontractés et souriants. Une preuve que ces petites fables ont réussi à nous convaincre.

Théo Cabrero